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R é t i n e s
29 septembre 2021

Land (Robin Wright, 2021)

 

land 1

 

NA NA LAND

Par Aurelio Cárdenas

Suite de la rubrique parrainée par Cinetrafic

On ne saurait dire exactement si la sortie de Land en 2021 survient trop tard ou tombe à pic. En retard, car arrivant tout au bout d’une chaîne de produits americana-drama-survivalistes plus ou moins pertinents parmi lesquels, au hasard, Into the Wild (Sean Penn, 2007), Wild (Jean-Marc Vallée, 2014) et bien sûr Jeremiah Johnson (Sydney Pollack, 1972) dont il aurait pu être le pendant féminin. Tout semble avoir été dit et filmé sur - on résume l’intention de ce « genre » - cet appel de la nature qui s’avère impitoyable, sauvage et cruelle mais qui finit par révéler notre vrai soi et nous réconcilie avec le monde. Pourtant, Land coïncide aussi avec un désir d’exode urbain post-covid observé dans les pays occidentaux : une vocation de retour à l’état de nature récemment amplifiée par les confinements à répétition en appartement. La détermination d’Edee (Robin Wright) qui bazarde son iPhone, s’installe dans une bicoque éloignée de toute civilisation afin de devenir autosuffisante, ne rappelle-t-il pas une tendance sociologique citadine, celle de tout balancer et vivre au grand air indépendamment de toute pression capitaliste et pandémique ? 

Evidemment, le geste d’Edee est avant tout motivé par le deuil d’un drame familial mais il n’empêche que sa fuite, réfléchie (« je suis ici parce que je l’ai décidé » affirme-t-elle), est bien celle d’une femme des années 20 qui choisit cette liberté de vivre recluse. Mais d'où lui vient cette liberté ? Son personnage contraste absolument avec celui de Nomadland, long-métrage de Chloé Zhao, sorti quelques semaines plus tôt en salles, qui raconte un autre portrait de femme écrasée par un deuil. Fern (Frances McDormand) est également filmée au milieu de paysages américains grandioses (« land ») et le film décrit de manière quasi documentaire un mode de vie alternatif et autonome. A la différence notable que Fern n’a pas choisit cette existence de nomade et sa survie n’a rien d’épique. Une vie rythmée de petits boulots plus ou moins humiliants, de conserves mal réchauffées et de campements de fortunes. Un quotidien dans lequel la solitude n’est pas un refuge, mais au contraire une assurance quasi certaine de disparition. D’où l’importance de l’entre-aide par la parole dans Nomadland et la mise en place d’une société inclusive des exclus de tous bords. A contrario, nous remarquerons qu’Edee dans Land peut se permettre ce lâcher-prise et cette vie d’ermite grâce à, on l'imagine, un certain capital financier (elle achète la maison, une tonne de provisions et de matériel sans que cela ne semble poser aucun problème) et intellectuel (elle potasse des livres Natures & Découverte le soir au coin du feu pour apprendre à chasser, cultiver, réparer sa cabane etc.).

land 2

Land ne s'inscrit donc pas dans une veine sociale, c’est son droit. Robin Wright, dont c’est le premier long-métrage comme réalisatrice (après avoir dirigé quelques épisodes de la série House of Cards ainsi qu’un court-métrage) a opté pour un drame psychologique qui a le mérite d’être assez resserré (89 minutes). Le problème étant que ce récit de suicide social, dont la première partie est un pur survival (l’ours de The Revenant y fait même de la figuration), surprend si peu dans son déroulement qu’on ne peut être que déçu devant la terre promise que nous offrait Land. Il y avait la promesse de Robin Wright, tout d’abord, qui confirme dans deux ou trois gros plans, seule face à son désarroi, être une actrice de haut vol. Ensuite, un décor naturel qui s’impose de lui-même, le paysage des montagnes Rocheuses et qui donnent lieu à des tableaux de lumière éblouissants en toute saisons (beau travail du chef op' d’autant plus que les extérieurs ont été tourné sur 29 jours en s’adaptant avec les éléments naturels comme expliqué dans les bonus DVD). Enfin, l’intrigue elle-même, assez enthousiasmante : comment une femme citadine va survivre seule dans cet environnement hostile dont elle ne maitrise aucun code ?

Hélas, l’intérêt de Land décroît rapidement notamment par ces agaçants flash-back familiaux (évidemment stylisés à la Malick) et un récit de résilience trop balisé. L’arrivée de Miguel (Demián Bichir), le sauveur des bois, qui apprendra à Edee les rudiments de la survie (chasse et pêche TV) annihile tout fantasme de vraie solitude et enferme le film dans un discours banal : on ne peut pas vivre seul. Même si la facture du film est honorable et restitue une certaine bienveillance pour ses personnages, Robin Wright effectue un premier film dramatique lisse et convenu. Peut-être que son court-métrage The Dark of Night (2017), un exercice de style neo-noir mordant et chic, demeurait plus personnel et laissait entrevoir d’autres pistes de réalisation plus convaincantes et excitantes.

 

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« Land » de Robin Wright (USA, 2021)

Avec : Robin Wrigh, Demián Bichir ...

On peut voir Land en DVD et VOD dès le 29 septembre 2021 (Universal Pictures : Facebook / Twitter)

Fiche Cinetrafic : https://www.cinetrafic.fr/film/62232/land 

Crédits photo : Universal Pictures France

 

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